Courrier Sud, le manuscrit du premier roman d’Antoine de Saint-Exupéry
Dans les années 1920, quelques hommes valeureux n’hésitent pas, au péril de leurs vies, à se lancer dans les airs, dans des appareils encore sommaires et survolant des contrées hostiles, pour acheminer le courrier vers l’Amérique. Courrier Sud est le roman de cette épopée extraordinaire, celle de l’Aéropostale ; mettant en scène un héros dont le cœur brisé reste toutefois à terre, auprès de la femme qu’il aime sans espoir. Un document passionnant, conservé à la Fondation Martin Bodmer, parcouru de dessins qui semblent annoncer, bien des années en avance, ceux de l’inoubliable Petit Prince.
Un manuscrit témoin de l’ébullition créatrice de Saint-Exupéry
Un manuscrit bigarré, comme emporté par la fougue créatrice du jeune homme, dont l’écriture se déploie sur 171 feuillets au crayon papier, avec biffures au crayon rouge et bleu, ou encore à l’encre noire et violette… S’y mêlent à la fois des pages dactylographiées à la machine à écrire, abondamment raturées et corrigées à la main, des dessins (silhouettes, petits personnages en mouvement, paysages ou décors intérieurs, voire tableaux plus élaborés comme aux pages 125 ou 166, ou portrait au verso de la page 145, etc.).
Courrier Sud, un roman intemporel
La publication de Courrier Sud installe durablement l’auteur dans le monde des lettres. Vol de nuit, qui paraît en 1931, est un nouveau succès d’estime et en librairie, remportant en décembre le prix Femina. En 1937, Courrier Sud est porté au grand écran par Pierre Billon, avec Pierre Richard-Willm dans le rôle de Jacques Bernis. Antoine Saint-Exupéry participa activement à l’élaboration du scénario (découpage et dialogues).
Un manuscrit conservé à la Fondation Martin Bodmer
Depuis une cinquantaine d’années, le manuscrit est conservé à la Fondation Martin Bodmer (Cologny, Suisse). Créée en 1971, la fondation est un lieu incontournable pour les passionnés de littérature et de bibliophilie. Elle abrite la prestigieuse Bibliotheca Bodmeriana, inscrite au registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO et composée de plus de 150 000 papyrus, incunables, manuscrits et éditions rares. La reproduction du manuscrit est également accompagnée d’un texte d’Olivier d’Agay, directeur de la Succession Saint-Exupéry, et d’une postface de Jacques Berchtold. Dans « Qu’est-ce qu’être un aviateur », celui-ci explore, en quelques lignes émouvantes et percutantes, la dimension éminemment philosophique du statut d’aviateur et d’écrivain.