Le 12 octobre 1929, . Antoine de Saint-Exupéry prend ses fonctions de chef d’exploitation de l’Aeroposta Argentina à Buenos Aires où il retrouve ses camarades Marcel Reine, Henri Guillaumet et Jean Mermoz. Il a pour mission d’assurer le bon fonctionnement des lignes déjà existantes vers Santiago de Chili, Asunción et Rio de Janeiro, de gérer le personnel et l’équipement, et d’ouvrir de nouvelles lignes.
Ouverture de lignes en Patagonie et en Terre de feu
Il est payé 20.000 Frs par mois et s’empresse d’envoyer une partie de son premier salaire à sa mère pour la remercier de toutes les sommes qu’elle lui a envoyées pendant ses années de vaches maigres. Le travail administratif considérable ne l’empêche pas de voler beaucoup et loin, souvent de nuit. Antoine de Saint-Exupéry se rend en Patagonie et en Terre de feu pour trouver les meilleurs trajets et les pistes d’atterrissage les plus sûres en vue de l’ouverture de cette nouvelle ligne. Le 20 mars 1930, il couvre les 2 400 km qui séparent Buenos Aires de Rio Gallegos en 12 h, ce qui est un record mondial. Le 31 mars, il inaugure la seconde extension de la ligne Comodoro Rivadavia-Rio Gallegos, avec comme escales intermédiaires Puerto Deseado, San Julian et Santa Cruz. Le 16 avril, sont inaugurées des lignes auxiliaires vers Rio de Janeiro, Montevideo, Porto Alegre et Santos.
Le vent, redoutable ennemi du pilote
Il doit affronter le plus redoutable ennemi des pilotes en Amérique du Sud : le vent, si puissant, avec des rafales si inattendues que son habileté compte moins que sa bonne chance. Dans des situations dangereuses, il étonne certains de ses camarades par des atterrissages d’une rare habileté. D’autres fois, il commet des erreurs de pilotages qui ne pardonnent pas et provoque des accidents heureusement sans gravité. Ce n’est pas le cas de celui qui arrive le 13 juin 1930 à Henri Guillaumet qui assure la liaison Santiago du Chili-Mendoza. Pris dans une tourmente de neige au-dessus des Andes, il endommage son appareil à l’atterrissage et doit survivre à 3500 m d’altitude en plein hiver austral. Sauvé après 5 jours, Saint-Exupéry le récupère le 19 juin 1930. Guillaumet vivant, lui dit cette phrase qui fera le tour du monde : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait. ».
La rencontre avec Consuelo Suncin
Antoine de Saint-Exupéry passe son temps libre à fréquenter quelques restaurants réputés pour leurs steaks immense et pour le vin de Mendoza, à jouer au billard dans un bar proche des bureaux de l’Aéropostale, à se baigner au centre de loisir d’El Tigre et à draguer des filles sachant parler français au Tabaris, un night-club où les rencontres sont faciles. Lors d’une réception dans les salons de l’Alliance française de Buenos Aires, Benjamin Crémieux (critique littéraire de la NRF) lui présente une jeune femme. Il l’a connu sur le bateau qui l’amenait en Amérique du Sud. Son nom est Consuelo Suncin, veuve à 26 ans de l’écrivain guatémaltèque Enrique Gomez Carrillo. C’est le coup de foudre ! Il l’épouse six mois plus tard à Agay.