À New York, Antoine de Saint-Exupéry retrouve son ami Bernard Lamotte dans son atelier de la 52e rue. Son arrivée est célébrée le 15 janvier 1941 par un banquet à l’hôtel Astor, où Elmer Davies (futur directeur de l’United States Office of War Information) lui remet le prix de l’American Booksellers Association (avec un an de retard) pour Wind Sand and Stars.
Saint-Exupéry n’a pas l’intention de rester plus de quelques semaines à New York. Cependant, les épouses de ses éditeurs, Elisabeth Reynal et Peggy Hitchcock lui trouvent un appartement dans un gratte-ciel au 240 Central Park South. Eugene Reynal, Peggy Hitchcock et Maximilien Becker l’aident à régler les questions financières et Lewis Galantière se joint à eux pour lui servir d’interprète.
Saint-Exupéry découvre la colonie française composée de près de 20 000 exilés diplomates, artistes, scientifiques, industriels, financiers installés à New York et Los Angeles. Il se tient à distance de ceux qui répandent à son égard les calomnies les plus farfelues. Il serait en train d’acheter des avions pour le gouvernement de Vichy, il serait antisémite et royaliste, etc. Lorsque Vichy le nomme membre du Comité d’écrivains, il fait répondre dans un article du New York Times qu’il n’a pas été consulté et décline l’offre. Les autorités américaines le regardent avec suspicion. De Gaulle essaie de la rallier à sa cause, sans succès, ce qui lui vaudra le ressentiment tenace du général.
« Saint-Exupéry n’est pas un homme politique et préfère exercer son influence, s’il en a une, au moyen de ses écrits. » déclare Roussy de Sales le 31 janvier 1941.