Bertrand de Saussine présente sa sœur Renée à Antoine de Saint-Exupéry, condisciple au lycée Saint-Louis. Elle devient sa confidente et dira de lui :
« Son corps d’athlète, sa figure de Gilles de Watteau surgissaient, s’évanouissaient dans l’ombre »
Monsieur de Saussine trouve Antoine magnifique, son épouse lui reproche d’être trop timide et silencieux. Antoine et Rinette fréquentent ensemble les salons, les théâtres et les expositions. Ils passent des heures à discuter à la pâtisserie de la Dame Blanche ou à la brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain. Elle lui montre ses essais littéraires et il lui prodigue des conseils. Il lui fait lire ses premières nouvelles : Manon danseuse et L’Aviateur.
De 1923 à 1931, il lui écrit de nombreuses lettres particulièrement touchantes. Antoine, qui souffre de solitude amoureuse après la rupture de ses fiançailles avec Louise de Vilmorin, croit pouvoir trouver l’affection qu’il recherche auprès de Rinette, qui fait semblant de l’ignorer. Les déclarations voilées alternent avec des reproches moins dissimulés concernant la vie mondaine de Renée qui ne trouve pas le temps de lui répondre. Des dithyrambes littéraires destinées à séduire la jeune fille, apparemment trop frivole, succèdent à des confessions concernant les déceptions d’une vie trop morne avant de déboucher sur des projets d’avenir exaltants. Ces lettres sont publiées à partir de 1953 sous différents titres Lettres de jeunesse, Lettres à l’amie inventée, Lettres à Rinette.
Dans une de ses lettres de 1926, Antoine de Saint-Exupéry explique la raison de toutes les autres :
« J’ai grand besoin d’une amitié à qui confier les petites choses qui m’arrivent. Avec qui partager. Je ne sais pas pourquoi je vous choisis. Vous êtes si étrangère. (…) Je m’écris peut-être à moi-même »